samedi 6 septembre 2008

Suite orchestrale.




Huit mars deux mille dix.

Et soudain, le monde s'enfuit à la recherche de cette femme qui l'a quitté. On aurait pu dire gitane mais elle n'avait jamais fumé que son âme. Elise s'était donnée aux autres, ne pouvait plus se consumer, trop amère d'avoir confié sa vie au diable. Un démon nommé Hugo, un parfum infernal blessé par ce temps passé. A attendre, à perdre. A chercher sans jamais trouver.
Tu as cette lettre, posée sur le guéridon de leurs douleurs, comme suspendue à une arme qu'il n'est plus temps d'imaginer. Le fossé n'est jamais assez grand entre Vénus et Mars. Qui à cet instant le sait mieux qu'Elise ? Les secondes paraissent comme l'éternité, des générations d'états d'âme s'y emmêlent et au milieu une femme. Elle s'habille de ses plus beaux souvenirs. Enfile quelques colliers pour les remords qu'il reste. Prend son temps, on ne sait jamais, il pourrait encore venir la sauver. Il le lui doit bien, mais au fond l'échéance irait se noyer pour mieux remonter à la surface. Plus tard. Elle n'a pas vraiment envie de mourir mais elle pense ne plus avoir le choix. Elle ne s'imagine plus laver le visage de ses enfants, courir l'été en attendant l'hiver et ses feux de bois, de joie ? Elle ne s'espère plus gravir des soleils pour faire trembler de quelques rayons le sourire de celui qu'elle aime. Peut-être même est-elle déjà morte, malgré les quelques souffles irrigués par l'espoir, vain mais cependant présent dans cette scène dérisoire, ironique. Presque. De loin. Magnifique de points finaux et de virgules enterrées, avalées. Il ne reste que l'odeur de la fin pour arpenter les planches. Il ne reste que les larmes pour avaler les dernières vagues. Alors oui, tu as cette femme, et autour la mélodie se fait arabesque d'adieux, aquarelle de désirs, qu'on laisse s'échapper une dernière fois, dans un soupir. Un murmure se glisse entre les lèvres du monde. Dernier geste avant l'ultime regard. Dernier déclic avant la folle apocalypse de ce corps qui déjà n'enferme plus que braises et cendres. Dernier baiser sur un métal froid, vide.
Et bam.

dimanche 31 août 2008

Symphonie première.





Bien sûr, nous pourrions aller au bout du monde. Mais tu te retiens si bien de vivre que je n'ose pas te souffler ce qui me parcoure d'enchantement. Alors nous restons sur le quai de nos attentes, sans jamais chanter d'autres refrains. Attendre, encore et toujours. Et si les couplets s'invitent dans une nouvelle harmonie ça ne dure jamais plus de trois pommes. Une deux trois.

Bien sûr, nous pourrions nous aimer sans retenue, mais tu as au coeur cette pudeur enfantine, et l'absence de celui qui t'aurait donné l'illusion d'un chemin. Comment faire quand la route à suivre s'est épuisée sous nos drames pour ne plus jamais se dessiner ?


Bien sûr, nous irons encore les semer, nos galères. Et le vent s'en ira chevaucher d'autres voiliers impatients d'aventures. Bien sûr, la colère se perdra dans nos couleurs, et nous irons danser ensemble, sans peur de cette différence qui sévit bien ailleurs, surtout en plein coeur. La couleuvre du monde empreintera nos humeurs et nous serons fous d'illusions fruitées. Une deux trois.




Pas sans toi.