
Huit mars deux mille dix.
Et soudain, le monde s'enfuit à la recherche de cette femme qui l'a quitté. On aurait pu dire gitane mais elle n'avait jamais fumé que son âme. Elise s'était donnée aux autres, ne pouvait plus se consumer, trop amère d'avoir confié sa vie au diable. Un démon nommé Hugo, un parfum infernal blessé par ce temps passé. A attendre, à perdre. A chercher sans jamais trouver.
Tu as cette lettre, posée sur le guéridon de leurs douleurs, comme suspendue à une arme qu'il n'est plus temps d'imaginer. Le fossé n'est jamais assez grand entre Vénus et Mars. Qui à cet instant le sait mieux qu'Elise ? Les secondes paraissent comme l'éternité, des générations d'états d'âme s'y emmêlent et au milieu une femme. Elle s'habille de ses plus beaux souvenirs. Enfile quelques colliers pour les remords qu'il reste. Prend son temps, on ne sait jamais, il pourrait encore venir la sauver. Il le lui doit bien, mais au fond l'échéance irait se noyer pour mieux remonter à la surface. Plus tard. Elle n'a pas vraiment envie de mourir mais elle pense ne plus avoir le choix. Elle ne s'imagine plus laver le visage de ses enfants, courir l'été en attendant l'hiver et ses feux de bois, de joie ? Elle ne s'espère plus gravir des soleils pour faire trembler de quelques rayons le sourire de celui qu'elle aime. Peut-être même est-elle déjà morte, malgré les quelques souffles irrigués par l'espoir, vain mais cependant présent dans cette scène dérisoire, ironique. Presque. De loin. Magnifique de points finaux et de virgules enterrées, avalées. Il ne reste que l'odeur de la fin pour arpenter les planches. Il ne reste que les larmes pour avaler les dernières vagues. Alors oui, tu as cette femme, et autour la mélodie se fait arabesque d'adieux, aquarelle de désirs, qu'on laisse s'échapper une dernière fois, dans un soupir. Un murmure se glisse entre les lèvres du monde. Dernier geste avant l'ultime regard. Dernier déclic avant la folle apocalypse de ce corps qui déjà n'enferme plus que braises et cendres. Dernier baiser sur un métal froid, vide.
Et bam.